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Mettre ses limites - égoïsme ou héroïsme?


Dans ce monde où tout va toujours plus vite, où les mots clés sont rapidité, productivité et rentabilité, nos limites sont quotidiennement repoussées.

Nous devons assurer au travail, avec notre conjoint, avec les enfants, il faudrait pouvoir être partout et pouvoir tout faire en même temps.

Et pourtant, nous ne pouvons être à 100% sur tous les fronts. Pas nous, la génération qui a grandi sans internet, qui n'a pas toujours eu le téléphone à la maison et qui ne savait pas que le miracle de l'internet allait nous prendre nos vies à ce point.

Oh bien sûr, la technologie nous facilite la vie mais est-ce vraiment le cas ou est-ce une apparence? Nous n'avons plus d'excuse pour ne pas être joignable et c'est bien ça le problème car cela ajoute une pression supplémentaire à toutes celles que nous subissons déjà au quotidien.

La technologie ne nous a pas libérés, elle nous a rendus dépendants. Et si nous sommes dans la vie active, nous devons bien suivre le mouvement pour être dans le coup, être visible, être répertorié sur la carte du world wide web. Quand j'étais petite, on existait quand on avait son nom dans le bottin. De nos jours, on existe sur Facebook, Twitter, Instagram et autres Google plus et j'en oublie. Évidemment j'ai un site internet, j'ai une page Facebook qui me sert plus de vitrine que d'un endroit que j'utilise pour mes cours. Et c'est une manière pour moi de mettre mes limites, de conserver un peu de liberté par rapport à ces sites qui nous prennent tant de temps sur une journée. J'ai joué le jeu à un moment, j'étais même très enthousiaste, et puis ... j'ai compris que ce n'était pas si intéressant. Comme l'a très justement chanté Stromaé "L'amour est comme l'oiseau de Twitter, on est bleu de lui seulement pour 48h. D'abord on s'affilie, ensuite on se followe, on en devient félé et on fini solo. Prends garde à toi! Ah, les amis, les potes, les followers, vous faites erreur, vous avez juste la cote."

Mais, me direz-vous? Quel rapport entre mettre ses limites, la technologie, Twitter et Stromaé?

Et bien tout est lié! Parce que si vous ne mettez pas vos limites, dans le monde actuel, alors c'est le monde qui s'invite chez vous.

Si vous ne mettez pas vos limites professionnellement, c'est votre conjoint qui vous reproche de rentrer trop tard à la maison, de trop faire plaisir à un patron qui vous remplacera sans hésitation et sans même y regarder à deux fois la plupart du temps le jour où vous serez en burnout, si vous continuez à lire et à répondre à vos emails professionnels en plein repas où que vous vous enfermez dans votre bureau à la maison pour terminer un projet urgent qui doit absolument être prêt pour demain alors que les enfants sont couchés et que votre mari ou compagnon aurait aimé passer un peu de temps avec vous, surtout quand cela se reproduit régulièrement et que même en étant chez vous, vous continuez à être "au bureau". C'était évidemment plus facile à une époque où l'on ne pouvait pas recevoir ses mails professionnels sur son ordinateur, encore moins sur un smartphone, où nous n'étions pour ainsi dire pas joignables si nous n'étions pas chez nous. Et que dire de l'époque où les emails n'existaient pas?

Aujourd'hui tout est connecté et rares sont celles et ceux qui peuvent échapper à la dictature professionnelle d'internet.

Si vous ne mettez pas vos limites, vous recevrez des emails professionnels à 23h que vous traiterez à minuit ou 1h du matin, ou, comme je l'ai entendu d'une fonctionnaire à la Commission Européenne, alors que vous aurez perdu les eaux, vous serez au bureau en train de terminer un dossier urgent avant d'aller accoucher "parce que de toutes façons, il y en a au moins pour 8 heures avant que le bébé naisse." Il n'y a pas quelque chose qui vous choque là dedans? Moi oui.

Si vous ne mettez pas vos limites, vous vous exposez non seulement au burnout, mais aussi à la colère, à la frustration et au ressentiment. Oh bien sûr, ces émotions ne vont pas apparaître immédiatement, et si vous êtes comme moi, d'un caractère plutôt patient et compréhensif, il en faudra sans doute beaucoup pour vous faire sortir de vos gonds, mais entretemps vous encaissez. Il est déjà difficile, voire presque impossible de mettre ses limites professionnellement parlant, car vous savez que le taux de chômage est suffisamment haut pour qu'on vous remplace sans trop de problème et du coup, vous vous épuisez à tout donner professionnellement pour garder ce travail qui permet de payer le crédit de la maison ou de la voiture ou que sais-je encore? Mais quand vous mettez le doigt dans l'engrenage, insidieusement, cette tension et cette pression vont venir s'immiscer dans votre quotidien, avec votre conjoint, peut être vos amis, Tout devient difficile, vous avez l'impression que vous ne pouvez plus tout gérer, vous devenez irritable, exigeant, vous serrez les dents jusqu'au moment où tout explose. Parfois même notre couple.

Malheureusement, nous prenons trop souvent conscience que nous avons été trop loin quand il est trop tard ou parce que nous pensons que nous pouvons encore tenir un peu, encaisser un peu plus. Souvent, cela se traduit par un burnout car vous n'êtes plus à même de faire face même aux choses les plus simples. Si vous êtes déjà passé(e) par là, vous savez exactement ce que je veux dire mais si vous n'avez encore jamais connu un burnout et que vous vous dites que vous ne savez plus où donner de la tête, que vous ne savez pus comment dire "non", que vous avez l'impression de perdre pied, alors il est peut être temps pour vous de remettre vos limites. Pas par égoîsme, mais simplement pour survivre.

Il n'y a rien d'égoïste à dire "je ne peux plus" ou "je suis fatigué(e)", "je suis désolé(e) mais pas cette fois". Évidemment pas à chaque fois et sous n'importe quel prétexte mais quand vous sentez qu'un déséquilibre se crée entre ce que l'on vous demande et ce que vous êtes capable de donner.

Ce que certains verront comme de l'égoïsme, c'est pour moi de l'héroïsme de dire "je répondrai à cet email demain, ce n'est pas si urgent" ou encore "j'aurais bien besoin d'un massage, je vais le réserver et y aller", ou encore, "je ne suis pas sûr(e) d'avoir envie de cette sortie, je suis déjà tellement fatigué(e) ... et si pour une fois, je profitais d'une soirée chez moi", ou au contraire, "ce soir, je vais me faire plaisir et je vais aller retrouver mes amis au resto, j'ai déjà annulé trop souvent parce que j'ai dû rester tard, ce soir, je prends du temps pour moi!" ou encore "chéri(e), ça me ferait tellement plaisir si tu pouvais faire ceci ou cela pour moi. Je sais qu'en temps normal c'est moi qui m'en occupe, mais exceptionnellement aujourd'hui, peux tu le faire à ma place, je suis vraiment à bout".

Nous avons tous notre propre seuil de tolérance et nous seuls savons ce que nous pouvons tolérer. Mais alors, me direz-vous, comment se fait-il que tant de monde souffre de dépression, de burnout, etc... ? Parce que nous n'avons pas appris à nous écouter, parce qu'on nous répète sans cesse que "le meilleur gagne" et que dans ce monde, seule la loi du plus fort fait foi. Oui mais si ce que l'on nous demande était au-delà de nos capacités?

Le yoga ainsi que la méditation, nous permettent de prendre conscience de nos limites, de les accepter, d'essayer de les repousser mais de jamais aller trop vite et surtout, de ne jamais forcer... . Oui, je sais, c'est exactement l'inverse des message que nous recevons tous les jours, mais ne pensez-vous pas que c'est plus sensé que de toujours en vouloir plus ? n vouloir toujours plus est le meilleur moyen d'être dans l'insatisfaction. Et si vous êtes dans l'insatisfaction, vous allez encore devoir trouver d'autres objectifs à atteindre, d'autres limites à dépasser .... jusqu'au jour où ...

Sachez qu'un vrai burnout demande un à deux ans de repos (vous n'allez rien faire pendant DES MOIS) avant de récupérer toute votre énergie. Alors si vous vous dites que vous ne pouvez vraiment pas vous permettre de vous passer de votre salaire, n'oubliez pas que si vous ne mettez pas les pieds au bureau pendant un an ou deux, votre patron vous aura remplacé. Sauf si, évidemment, vous êtes fonctionnaire nommé ... et encore, vous pourriez bien être mis(e) sur une voie de garage. De nos jours, plus personne n'est "irremplaçable" selon les dires des patrons, et ils compte sur votre totale coopération car il savent que si vous n'assurez plus, ils pourront sans doute vous remplacer très facilement. Ceci n'est plus une relation de travail saine mais de l'esclavage, comme au temps de la révolution industrielle et des seigneurs qui faisaient travailler leurs gens 12 à 16 heures par jour sans se soucier de la santé ou du bien-être de leur personnel - pour la majorité. Et si votre entreprise vous proposer des cours de yoga et de méditation mais que vous n'arrivez jamais à y aller car il y a toujours un deadline, une réunion qui se prolonge ou que sais-je encore ... alors c'est peut être à vous de dire stop et de vous rappeler que vous êtes unique et irremplaçable pour tous les gens qui vous aiment et que si vous les aimez vous aussi et que vous VOUS aimez, vous comprendrez que mettre vos limites n'est pas de l'égoïsme mais de l'héroïsme.


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