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Photo du rédacteurLaurence NoStress

Zombie


La société actuelle est bien différente de celle dans laquelle je suis née et dans laquelle j'ai grandi et c'est sans doute également le cas pour vous qui me lisez. L'évolution exponentielle de la technologie a irrémédiablement changé notre manière de concevoir la communication mais également notre comportement et nos réactions à ce propos.

J'ai longuement hésité avant d'acheter mon premier GSM, à l'epoque, un Alcatel qui ressemblait à un téléphone sans fil avec un clapet coulissant permettant de protéger le clavier car je craignais (à environ 20 ans!) les conséquences de l'introduction de cette nouvelle technologie dans ma vie. Il faut dire que nous en étions aux balbutiements des téléphones cellulaires "abordables" puisque nous étions probablement en 1998 - 1999.

Néanmoins, les communications de poste fixe à GSM étant relativement onéreuses, alors que les communications de GSM à GSM étaient plus avantageuses, et mon petit ami de l'époque ne pouvait être joint que par ce moyen, j'ai fini par me décider à en acheter un après m'être fait remonter les bretelles par mes parents pour une note de téléphone de 4000 francs belges (100€ actuellement) ... .

Malgré mes réticences initiales, j'ai vite été conquise par le côté pratique et également le sentiment de liberté que me procurait le fait de pouvoir appeler qui je voulais quand je le voulais et aussi d'etre joignable n'importe où. Et n'importe quand...

Il faut dire que, débutant dans la vie active et vivant chez mes parents, mes amis et mon petit ami ne devaient plus appeler chez moi pour me joindre et, de la même manière, je pouvais recevoir directement les appels concernant mes candidatures aux emplois auxquels j'avais postulé. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ou du moins tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais, de manière insidieuse, les emails ont commencé à remplacer les courriers, à prendre valeur légale, les téléphones sont devenus de plus en plus perfectionnés, de véritables ordinateurs de poche, et avec cette ouverture vers la communication est arrivée une forme de dépendance.

Le "toujours plus vite" a fini par faire son chemin dans l'esprit des gens (moi y compris jusqu'à ce que je me réveille) et ainsi à les habituer à recevoir une réponse immédiate à toutes leurs questions, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et cette technologie, en apparence innocente, s'est insidieusement imposée dans nos vies sans que personne ne se méfie.

Oh, je ne suis pas en train de dénigrer le progrès, loin de la, il y a des côtés très sympas au progrès, comme stocker des dizaines d'heures du musique sur une puce de la taille d'un ongle, ou de pouvoir parler aux personnes que j'aime n'importe ou et n'importe quand. Tout comme j'apprécie de pouvoir me déplacer pour dispenser mes cours tout en restant accessible s'il y a un changement, un imprévu ou si l'on a besoin de moi pour un remplacement, mais je suis de plus en plus consciente des dérives qu'il a engendrées.

Entre les réseaux dits sociaux ou l'on parle plus à des inconnus à l'autre bout de la terre qu'a ses vrais amis ou qu'a son voisin (de palier) et ou les incompréhensions, disputes et autres malentendus sont légion, les multiples applications de communication instantanée ou l'accusé de réception/lecture nous oblige presque à répondre immédiatement à notre interlocuteur sous peine d'etre "impoli". Même si vous êtes en réunion ou si vous passez à la caisse de votre supermarché. Ou que vous êtes en train de traverser la rue les yeux rivés à l'écran de votre smartphone ...

Pouvoir dire à l'élu(e) de votre coeur que vous l'aimez, c'est très bien mais le fait qu'il ou elle ne vous réponde pas dans les secondes qui suive ne signifie pas que ce n'est pas réciproque ni la fin de votre relation.

Cet exemple pourra vous sembler ridicule si vous avez plus de 30 ans mais je suis parfois surprise de voir les réactions de certains ados aujourd'hui.

Et que penser des personnes tellement accros à leur écran (quel qu'il soit), qu'elles en oublient leur famille? J'ai encore en tête ce "tweet" sur The Voice Belgique disant "Maman, j'ai faim, c'est quand qu'on mange?".

Compte tenu du fait que je regarde l'emission en différé, je ne sais pas à quelle heure ce "tweet" est arrivé mais j'ai du mal à concevoir qu'une mère de famille puisse préférer regarder une émission de télévision à sa famille même si elle est harassée à la fin de sa journée de travail. Et que penser de ce jeune qui recourt à Twitter pour parler à sa mère ? Sommes nous devenus séparés au point où nous ne pouvons même plus communiquer normalement au sein d'une même famille ? A moins que ce ne soit comme cela que l'on communique à présent dans les familles ? Chacun derrière son écran ? Je n'ai pas d'enfants mais ce comportement est tout simplement inconcevable et inacceptable à mes yeux.

Et je ne parle même pas de ces "obsédés du selfie" qui se prennent en photo dans toutes les circonstances, afin de partager les moindres détails de leur vie avec leurs amis (réels ou virtuels), souvent au détriment de leur sécurité ou, comme vu récemment, au détriment de la vie des autres quand la première pensée qui vous vient en voyant un accident n'est pas d'essayer de porter secours mais de prendre "LE" selfie du jour.

Si je vois quelqu'un tomber dans la rue, je vais aller lui porter secours, pas me prendre en photo auprès de cette personne, du moins, c'est ce que mes parents m'ont enseigné et ce qui me semble le plus normal.

De la même manière, certaines personnes ont été capables de passer une nuit dehors pour être parmi les premiers à obtenir le dernier iPhone, voire même de se rendre dans un autre payer pour dépenser 800€ pour un morceau de plastique intelligent. Ces mêmes personnes pourraient-elles montrer autant de persévérance pour obtenir un travail? Pour entretenir une relation?

La vulgarisation des moyens de communication a banalisé la réception de l'information dans l'instant, ce qui s'est encore vérifié en novembre dernier, lors du fameux lockdown de Bruxelles, au cours duquel la police a dû demander aux "twittos" de ne pas communiquer sur les opérations en cours. C'est là que j'ai compris que la situation était probablement plus grave que je ne le pensais, ne lisant que très peu les informations, je suis tombée des nues en voyant cela à la une du site internet d'un quotidien belge bien connu.

J'ai également, à la même période, pu constater à quel point la surcharge d'information, les directs minute par minute peuvent être destructeurs pour le mental des gens. Rivés devant leur écran de télé, ils perçoivent le monde via cette petite fenêtre. Or, plus la fenêtre est petite, plus la vision est étroite et ce n'est pas le fait de changer de chaîne qui élargit cette vision dès lors que la majorité des informations relayées sont identiques. Cette boulimie d'information a fait au moins autant de dégâts que les événements en eux-mêmes. Et en ce qui me concerne, je n'ai regardé que le minimum vital, à savoir si j'allais avoir des transports en communs pour me déplacer pour dispenser mes cours.

Nous sommes devenus esclaves de nos écrans, dépendants d'une ou plusieurs machines pour nous connecter au monde entier, pour savoir quand va arriver le prochain tram, pour nous connecter aux autres, mais n'avons nous pas perdu une part d'humanité en nous connectant au monde ? N'avons nous pas perdu le goût de passer du temps ensemble, pour de vrai ?

Il y a une dizaine d'années encore, dans les transports en communs, on voyait souvent des gens lire un livre. De nos jours, rares sont ceux qui prennent un livre pour passer le temps dans le tram, le bus ou le train. Les plus jeunes, en particulier, sont collés à leur smartphone, totalement indifférents au monde qui les entoure. Comment ne pas s'inquiéter de cette génération accro aux écrans, qui ne peut pas se passer de sa dose quotidienne de Facebook, de Twitter ou d'Instagram qui préfère la lecture de statuts souvent courts et bourrés de fautes d'orthographes à un roman, une bande-dessinée? Je n'ai pas 40 ans et pourtant, je dois parfois faire un effort pour comprendre ces messages codés, morse des temps modernes d'une jeunesse en manque de culture et d'éducation.

Certains me diront que de tout temps, il y a eu des choses qui ont choqué, perturbé : les Beatles, Elvis Presley, la radio, la télévision, ... mais s'il y a eu quelques disputes familiales au sujet de la "musique de sauvage" ou des "inventions modernes", les gens étaient soudés, solidaires, ils se parlaient vraiment.

Si les générations qui nous ont précédé ont survécu à la guerre de 1914-1918 et à celle de 1940-1945, c'est parce que les gens savaient ce que voulait dire s'entraider. Que même s'ils restaient plusieurs mois sans avoir de nouvelles d'un frère, d'un fils, d'un père ou d'un époux parti se battre sur le front, ils ont survécu, même dans les moments les plus difficiles. Il y avait une résilience chez nos aînés que nous avons perdue ou en partie et c'est bien dommage car la solidarité et la réslience sont des qualirés qui - permettent de survivre à beaucoup de choses.

Notre rapport aux machines n'est plus sain. Nous sommes devenus dépendants de la technologie pour trop de choses au quotidien. Est-ce l'expansion trop rapide qui ne nous a pas permis de laisser les machines à leur place? Est-ce que nous sommes tombés dans un piège sans être con-scients du danger qui nous guettait? Nous sommes nous laissés déshumaniser par les machines au point de devenir des zombies.

Une chose est sûre, il n'est pas encore trop tard pour inverser la tendance et reprendre le contrôle sur les machines et sur notre cerveau avant que les machines ne prennent définitivement le contrôle sur les êtres humains.

Si demain, il n'y avait plus de 4G, plus d'internet ultra rapide, plus de Skype ni de What's app ou de Twitter, comment réagiriez vous?

En ce qui me concerne, aujourd'hui, j'aurais un peu de mal à ne pas pouvoir communiquer quand je le souhaite avec les gens que j'aime mais pour tout le reste, j'ai suffisamment de passions en-dehors de l'ordinateur pour pouvoir m'occuper au quotidien. La télé? Je n'en n'ai plus depuis que je ne suis plus chez mes parents. Je regarde de temps à autre une émission en replay ou des documentaires via YouTube (et oui, personne n'est parfait ;-) ...) La radio? Je l'écoute de temps en temps, surtout si je ne suis pas chez moi mais je préfère généralement le calme et le silence car je peux ainsi mieux être consciente et surtout, être vraiment dans le moment présent. Et vous?

accessible s'il y a un changement, un imprévu ou si l'on a besoin de moi pour un remplacement, mais je suis de plus en plus consciente des dérives qu'il a engendrées.


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